Brel à prix sympa

  

   Je me demande si les premiers communiants d'aujourd'hui écoutent Brel. Existe-t-il seulement des premiers communiants pour faire retraite, et ainsi sécher une semaine de sixième ? Je me souviens de la première fois où j'ai écouté Brel, je me souviens du déclic dans un endroit bien modeste : un simili-garage, un préfabriqué attenant à des chiottes. Là où on avait remisé Madame Laurent et l'E.A. Comprenez : l'Education Artistique. Pochette bleu ciel, craquements, pizzicato des "Marquises", je suis tout oreille. Je dois avoir douze ou treize ans. "Ils parlent de la mort comme tu parles d'un fruit"... embarqué dès la première phrase. "Ils regardent la mer comme tu regardes un puit". Et puis les femmes lascives, le soleil redouté et la pêche miraculeuse d'une cassette "Jacques Brel à prix sympa" dans un présentoir en forme de demie sphère. Autre séquence : je garde la chambrée, je suis malade mais debout à petits pas, c'est l'hiver à l'armée. Derrière les grandes vitres, les copains sont à l'exercice au pas cadencé. Je les regarde dans ce matin de novembre, j'enclenche le magnéto : "Bien sûr il y'a les guerres d'Irlande et les peuplades sans musiques"... effet gravé dans la roche. "Bien sur tout ce manque de tendre et il n'y a plus d'Amériques"... 

   Bon... comme dirait son comparse d'interview, de tabagisme et de misogynie : avec le temps va tout s'en va. 

   Mais pas ces deux souvenirs là.

   Et toi, du Brel, t'en écoutes encore ?  

"Pas trop, non. J'en ai jamais beaucoup écouté, en fait. 

C'est bien, même très bien, mais il y a toujours eu quelque chose qui m'en a un peu tenu à distance. (certains textes sont top, mais d'autres départis de leur interprétation extravagante tombent largement à plat)"  - Cyril

"It never really was my cup of tea anyway !" - Cécile 

"Houlala, parler du Grand Jacques en pleine Brel-ophobie ! Z'avez bien du courage !" - Jean-Sébastien

"Et oui, j ai écouté L'homme de la Mancha' la semaine dernière, ou Dulcinea grésille, mais j' aime cette chanson qu'est "la quête" - Laure 

"Douce blancheur au noir se marie"  Huile sur toile - 1965 - Lise Gervais