Trois nuits

 Un soir de la semaine dernière - il ne me restait plus que trois nuits à passer rue de la treille - j'eus l'impression que quelque chose, ou quelqu'un, venait de me quitter. Était-ce l'esprit de Marie-Antoinette, défunte propriétaire du deux pièces dont j'allais sous peu rendre les clefs, venu s'assurer que sa donation en faveur des orphelins de la police se passerait bien ? Un autre Moi, plutôt tracassin, qui venait de rallier le nouvel appartement en suivant, boudeur et résigné, les feuilles d'automne ? Où les Lares de l'ancien qui, après vingt-trois années de veille, se décidaient, comme des êtres chers accordant leur pardon, à me lâcher les basques ? N'était-ce pas, enfin, un quart de siècle de bons et de mauvais moments, dont une grande partie allait rester collée aux murs du vingt-neuf, avec la ténacité de la nicotine ? Mes successeurs vivraient avec cette couche, comme j'avais vécu avec les couches précédentes. 

Gloubi-boulga temporel, tiramisu d'émotions…

Illustration : extrait du clip "Va et rentre tard"- mézig par Mel Nelson



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