pâtisserie Chemel

   Quand je pense au marché, je pense aux vacances. Je me vois quitter la maison vers dix heures. Je passe devant le panneau « attention école » mais je m'en moque : y'a pas école. Je passe devant chez Toto, le forain. Un ou deux camions, pleins à craquer de manèges style petits avions ou paratropeur, sont certainement garés dans sa cour. Me voilà devant chez Madame Desveaux qui klaxonne toujours deux fois avant de bondir hors de son garage au volant de son Ami 8. Et puis voici le Crédit Agricole et enfin le marché. Ou mieux encore, son pendant quasi-royal : la Foire.
   C'est la foule des grands jours. De jeunes retraités, qui n'en reviennent pas de faire le marché quand ils le souhaitent, côtoient de vieux paysans parlant de la maison achetée dans le bourg depuis qu'ils ont lâché le domaine, en novembre dernier. Nous courbons la tête sous l'étalage de rideaux, de posters de Johnny, d'édredons. Au milieu du vacarme, un démonstrateur capte l'auditoire avec une poêle éternelle, soumise à rude épreuve. Des petits poulets s'affolent dans leur cage bientôt rejoints par des agneaux. Émerge de cette foule le poilu du monument aux morts, fier comme tout d'avoir assuré à sa bruyante descendance une journée aussi réussie. Je passe par la petite rue de la coop pour aller chercher des clopes chez Miquette. Je tombe sur Michèle que je n'avais pas revue depuis juin et la boum de fin d'année. Elle me file une Camel. On papote. On a un peu de fric qu'on converti en glaces-maison de la pâtisserie Chemel.  Glaces au bec, nous continuons en direction du bazar à cent francs, ses jeux des sept familles, ses écumoires, ses torchons à carreaux et ses miniatures plastiques de R16 et de dodoches. Quelque part résonne "Antisocial" de Trust.
   On est bien.



Illustration : vue Google de l'ancienne pâtisserie Chemel à Cosne d'Allier. Qui veniunt ad festum te salutant.

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