Bras armés

     L'armée Napoléonienne n'est pas un bloc monolithique, sorti tout armé de la cuisse de son maître. Elle est l'héritière des armées révolutionnaires et l'égalité y reste férocement célébrée. On n'aime guère les avantages dont bénéficient ceux de la Garde qu'on surnomme par dérision "Les Immortels". On y hait les curés et les "culs-blancs", qu'on a fusillés ou allègrement enfumés en Vendée. Du reste, on se souviendra des méthodes appliquées dans le bocage pour venir à bout des insurgés espagnols, comme bien plus tard des tribus algériennes. Si, en quinze années de Consulat et d'Empire, la physionomie  de l'armée évolue, beaucoup de soldats continuent de se voir en bras armé et politique du peuple souverain. Et ce peuple-là n'est pas forcément celui des bons bourgeois qui paient des remplaçants à leurs fils, ou les casent à grand' frais dans les ambulances, en espérant le retour de Louis XVIII. Les législatives de mai 1815 révèlent une majorité libérale qui se passerait bien de Napoléon, mais aussi des régiments moins favorables au régime que ce que l'on pouvait espérer. L'armée conserve de fortes sympathies républicaines et entend bien le faire savoir à un empereur qui lui doit son retour. Vexé et inquiet, celui-ci ne lâche pas la bride à des subordonnés qu'il noie sous les recommandations quand il ne les imagine pas en possibles rivaux.  Cette raideur lui coûtera la campagne de Belgique.


Illustration : Garde Impériale et infanterie de ligne par Louis Bombled 


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