Emile Guillaumin, proto-punk...

   Ma première rencontre avec le "Do It Yourself" date de mes douze ans. Précisément lorsque Mémé Pauline, une voisine de quatre-vingts balais, m'offre les "Dialogues bourbonnais" d'Emile Guillaumin (1873-1951). La claque !...
   D'abord on parle comme moi dans ce livre. Mais aussi comme ma frangine, mes parents, mes oncles et tantes. En utilisant tout un tas de mots rigolos comme "acapzouner" ou "gazilles" . Des mots qu'on ne voit jamais dans le journal et qu'on entend pas plus dans le bec d'Yves Mourousi, la vedette TV du moment : " Salut les gazilles ! Aujourd'hui on va s'déberdiner avec Iggy Pop !". Niet ! Pas de ça sur TF1. Ensuite mon père me raconte qu'il a connu Emile Guillaumin. Gamin, il le voit biner son potager. Il écrit des livres, il scie du bois, il trait ses chèvres comme tout le monde. Enfin, presque puisqu'il a bien failli décrocher le prix Goncourt. Mais pas que ! Accrochez vous : sans internet ce type monte le premier syndicat paysan en 1905. Et les syndiqués de cette époque, c'est pas les Poppys. Dès qu'un truc les chauffe, ils dézinguent les volets des perceptions. Et tout cela depuis Ygrande, un petit bled d'à peine mille âmes. Apprécié de ses amis et voisins métayers, l'Emile envoie chier poliment mais fermement les communistes, qui voudraient en faire un pin's pour la fête de l'Huma, comme les Vichystes garantis travail - famille - patrie. Proto-punk, je vous dis ; genre faites tout vous mêmes depuis chez vous ; à cul les bourgeois !
   Si vous passez par Ygrande, visitez son musé et, si vous voulez en savoir plus sur le "Sage d'Ygrande", consultez sa page Wiki. Elle est très bien faite. La preuve : mon blase est cité dans la bibliographie…

Illustration : Emile Guillaumin - photo de famille



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