Handclap'

  
   Sachez le dès maintenant : je ne suis pas un frère Bogdanov. Je ne sais pas si les rockeuses viennent de Vénus, ni si les rockers viennent de Mars. Lorsque Wanda Jackson, avec son contrebassiste tatoué et son pianiste herculéen sous le bras, a proposé aux gamins de se secouer le popotin au rythme du rockabilly, les ci-devant et présupposées valeurs propres aux deux sexes ont du prendre un sacré coup de chaud. Or, dès qu'on dégomme des préjugés, on entre dans le grand djihad, comme dirait le Prophète (la paix soit sur ses amplis). Histoire que la vie soit aussi chouette qu'une boum. Et ça, ce fut le cœur de métier des Handclap' : le grand djihad et la boum.
   Maintenant regardons le passé ; lucidement ; tranquillement. Reprend un shipster. Un soir, je discutais avec des camarades quadragénaires. C'était il y a un petit moment : les Clapettes étaient toujours en activité et peut être même à un certain zénith. DSK était patron au FMI. Bien, comme ça c'est dit, c'est situé, le décor est planté. Je discutais donc. A un moment, presque inévitablement, la discussion en vint sur le thème de la passion. Mes interlocuteurs voyaient ça comme une sorte de Moby Dick qui fonce, dare-dare, sur un bateau-mignon-tout-plein, avec des cabines bien rangées, des bois exotiques et des appliques art déco. Moi, je leur disais simplement que la passion c'était ça, précisément ça : un Moby Dick qui coulait des centaines de rafiots assurés à prix d'or par Cerise de Groupama. Que la bête est rare et qu'ils n'en feraient pas l'économie à moins de s'emmerder, comme seul peut s'emmerder un portier du FMI. Je me disais : « Par Sainte Rita ! Ce soir encore, les Clapettes vont essayer d'insuffler un peu de passion dans la baudruche rock, aidées de trois cakes aux olives et de quatre cartons de bonne bière ; se rongeant les ongles jusqu'au sang en regardant le niveau de la caisse ; s'amusant des regards d'un public pensant sincèrement que la chanteuse qu'on lui présente doit tourner aux alcaloïdes. Et tout ça pour que, vers deux-trois heures du mat', une bonne partie de l'assistance, revenue dans les clous, se souvienne avec délice que : « Yaisse ! Cerise est toujours là ! Elle nous a même détaché la couette ! »... 
 
   Desperate rockwife, quel calme ! Quelle maîtrise ! Le signe des grandes ! Revenues d'entre les mortes pour nous faire lâcher le caddie ! Oh sagesse des premières aubes distillées, peut être, en pure perte !

Illustration : Franck Fiat


 
 

Commentaires

  1. j'admire toujours cette facilité d'écriture monsieur Virlo .
    moi de mon côté je me contente de roter sur des vidéos youtubesques

    BOTZ

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